Personnellement, je n’avais jamais spécialement rêvé de faire un tour du Monde. Pourtant, j’adore voyager. Pourtant je connais plusieurs personnes qui se sont lancées dans cette aventure. Mais jusqu’à l’automne dernier, cela ne m’avait pas particulièrement attiré. Quand les gens m’en parlaient, j’écoutais avec distance, sans parvenir à m’enthousiasmer, sans même mesurer la portée d’un tel projet. Je crois que je me disais inconsciemment que je verrais cela plus tard, que je voyagerais davantage quand je serais en retraite.

Et donc l’idée de ce projet, ce n’est pas moi qui l’ai eue. C’est Elise.

Je ne me rappelle plus de la date précisément. Mais des circonstances.

C’était un soir de novembre, bien sombre, après une journée pluvieuse. Et au moment du dîner, Elise lâche cette phrase improbable, qui autant que je me souvienne est venue comme un cheveu sur la soupe : « j’aimerais bien, un jour, qu’on fasse un tour du Monde ». Je pense qu’elle l’a dit sans trop y penser. Mais cette phrase énoncée avec désinvolture a immédiatement raisonné en moi comme une évidence. Elise avait dit les mots qu’il fallait au moment le plus propice. Elle ne s’en doutait pas. Jamais nous n’avions évoqué auparavant une telle idée.

Cette phrase a été l’étincelle qui a tout déclenché. Que se serait-il passé si Elise ne l’avait pas prononcée ou si elle l’avait prononcée à un autre moment?

Bien sûr, j’avais en moi un terrain propice pour laisser s’embraser une telle idée. Depuis quelques mois déjà j’éprouvais un certain déplaisir au travail et je m’interrogeais sur ma situation professionnelle, sur mes envies.

Il suffit parfois d’un mot, d’un geste, d’un instant, pour tout faire basculer, pour changer complètement le cour des choses. J’aime ces moments de basculement où on a le sentiment de reprendre le contrôle ou au contraire de lâcher prise complètement. C’est un peu effrayant. La décision est lourde de conséquences. Elle se prend rapidement. Je la prends rapidement. A l’instinct. J’ai toujours fait confiance à mon instinct.

La nuit qui a suivi, je n’ai pratiquement pas dormi. Les idées ont tourné dans ma tête. J’ai testé la faisabilité. Des milliers de pensées ont traversé mon esprit. Impossible de calmer ce cerveau bouillonnant pour dormir un peu. Le lendemain j’étais fatigué mais le sourire aux lèvres.

Le week-end qui a suivi, j’ai reparlé à Elise de son idée au cours du déjeuner. Elle a compris immédiatement que j’étais sérieux et décidé. Elle a interrogé les filles en leur demandant ce qu’elles en pensaient. Leurs sourires et leurs cris enthousiastes nous confortèrent. Notre projet était lancé!