Jour : 7 mars 2019

Visite du temple Sri Maha Mariamman

Si j’ai écrit, précédemment, un article sur l’hindouisme, c’est parce que nous avons visité à Kuala Lumpur plusieurs temples hindous. Le premier d’entre eux est le temple Sri Maha Mariamman, fondé en 1873, et le plus ancien de Malaisie. Il est situé dans le même quartier que les deux temples taoïstes, présentés ces derniers jours.

L’entrée dans le temple se fait en se déchaussant. Elise et Emma ont également dû revêtir une robe par dessus leurs shorts. Ce qui frappe en entrant, c’est la prolifération de personnages fantastiques, représentations divines regorgeant de couleurs éclatantes. Nous avons croisé quelques hommes au crâne rasé que j’ai imaginé être des fidèles en dévotion ou peut-être des prêtres. L’accueil était bienveillant, ce qui a rendu la visite d’autant plus agréable. Contrairement aux temples taoïstes, plutôt sombres, où les jeux de lumière, les fumées et l’encens créent une ambiance mystérieuse, là tout semble lumineux, éclatant, précis, affiché et affirmé avec clarté. Les personnages représentant les divinités sont tellement stylisés et colorés, qu’ils évoquent des figures naïves.

Si vous avez lu attentivement mon précédent article, peut-être saurez-vous reconnaître quelques divinités. J’en profite pour ajouter que Shiva est souvent représenté sous une forme particulière baptisée Naṭarāja où on le voit dansant. Ouf, j’en reconnais au moins un!

 

Hindouisme

Un nouvel article sur une religion qui m’était pratiquement inconnue auparavant : l’hindouisme. Wikipedia a de nouveau été ma principale source d’information. En revanche, cette fois-ci, mon travail de synthèse et d’écriture a été plus approfondi.

L’hindouisme est une des plus anciennes religions au Monde. Le nombre de fidèles est estimé à plus d’1 milliard de personnes, ce qui en ferait la troisième religion après le Christianisme et l’Islam. Cette religion ne possède pas d’institution cléricale, mais des prêtres, les brâhmanes, appartenant à des écoles et courants qui cultivent des croyances et des rituels distincts, mais avec une base commune.

 

Histoire

L’hindouisme puis ses racines dans les croyances développées à l’âge de bronze (entre 3000 et 1000 avant JC) par la civilisation de la vallée de l’Indus (territoire qui correspond à peu près au Pakistan actuel). Il est considéré comme une forme évoluée du védisme (env. 1500-500 avant JC) et du brahmanisme (-600 à 500).

Le Véda (étymologiquement « découverte, révélation ») est un ensemble de textes sacrés, issus de la tradition orale, auxquels l’hindouisme se réfère et qui auraient été rassemblés vers 1500 avant JC. Le passage du védisme au brahmanisme est marqué par la rédaction de nouveaux textes sacrés qui complètent le Veda, les Brāhmaṇa. Enfin, le passage du brahmanisme à l’hindouisme s’accompagne de la rédaction des Āraṇyaka puis des Upaniṣad.

 

La mesure védique du temps

Selon les textes védiques, l’univers connaît des périodes d’expansion (kalpa ou jour de Brahmā) auxquelles succèdent des périodes d’anéantissement de même durée (pralaya ou nuit de Brahmā). Chaque période dure 4,32 milliards d’années. Chaque kalpa est divisé en 1000 mahayuga. Chaque mahayuga (4,32 millions d’années) est lui-même décomposé en 4 yuga (1,08 million d’années) : Satya (ou Krita), Treta, Dvapara et Kali, parfois baptisés respectivement âge d’or, âge d’argent, âge de bronze, et âge de fer. Selon cette mesure du temps, nous sommes actuellement au 4ème temps d’un mahayuga, autrement dit à un âge de fer (ou Kali yuga), « dénommé ainsi car c’est une période matérialiste et décadente par rapport à l’âge d’or de l’humanité » (Krita yuga).

On voit que cette mesure du temps postule une organisation cyclique du temps et de l’univers, cette notion de cycle se retrouvant à différentes échelles. Il est étonnant de constater que cette vision de l’univers rejoint certaines théories scientifiques qui considèrent que l’univers connaît cycliquement des phases d’expansion débutant par un big bang, puis des phases de contraction s’achevant par un big crunch.

 

Divinités

Le Brahman est décrit dans les texte védiques comme la réalité infinie, omniprésente, omnipotente, incorporelle, transcendante et immanente qui est la base divine de toute l’existence. C’est l’Absolu divin : tous les dieux de la religion hindoue ne sont que ses facettes, des incarnations du Brahman. L’hindouisme réalise en quelque sorte une synthèse entre monothéisme et polythéisme.

Les trois divinités majeures, incarnations du Brahman, forment une trinité baptisée Trimūrti. Il s’agit dans l’ordre de Brahmā, Vishnou et Shiva, qui associés représentent ensemble trois forces indissociables de l’univers.

Brahmā incarne l’action créatrice de Brahman. Il est traditionnellement représenté avec quatre têtes et quatre bras. La légende dit que Brahmā engendra une déité féminine, nommée Shatarūpā, dont il s’éprit immédiatement. Cet amour incestueux lui valut une condamnation perpétuelle exprimée par Shiva, interdisant de lui consacrer des lieux de culte et l’obligeant à réciter indéfiniment les 4 principaux textes de la Véda. De fait, très peu de lieux de culte lui sont consacrés.

Vishnou incarne l’action protectrice de Brahman. Il est souvent représenté en homme bleu avec quatre bras et vêtu d’une parure royale. Il possède de très nombreux avatars. Voici la liste la plus partagée de ses principaux avatars :

  1. Matsya, le poisson
  2. Kûrma, la tortue
  3. Varâha, le sanglier
  4. Narasimha, l’homme-lion
  5. Vâmana, le nain
  6. Parashurama, représenté avec une hache
  7. Rāma, image de l’homme parfait
  8. Krishna (signification « obscurité » ou « noir »)
  9. Siddhartha Gautama, Bouddha. L’intégration de Bouddha dans le panthéon hindou est apparue assez tardivement, probablement au VIIIe siècle.
  10. Kalkî (« temps ») est généralement représenté sur un cheval blanc, protecteur des brahmanes. Il est un signe avant-coureur de la fin du Monde.

Les 10 principaux avatars de Vishnou

Shiva incarne l’action destructrice de Brahman. Les attributs de Shiva sont un chignon, un croissant de lune accroché à sa chevelure, un troisième oeil qui perçoit au-delà de la réalité matérielle, le cobra représentant l’énergie primordiale divine, la peau de tigre symbolisant sa maîtrise de la nature. Il est également représenté parfois par un phallus stylisé, appelé lingam.

Ganesh est une autre divinité importante du panthéon hindouiste. Il est le fils de Shiva et Pârvatî. Il est le dieu qui supprime les obstacles, le dieu de la sagesse, de l’intelligence, de l’éducation et de la prudence, le patron des écoles et des travailleurs du savoir. Il est facilement reconnaissable à sa tête d’éléphant.

Shiva et Ganesh

Au-delà de ces divinités majeures, l’hindouisme compte une multitude d’entités divines qui reflètent la diversité de la vie dans l’univers.

 

Les buts de l’existence

Selon l’hindouisme, il existe 4 buts à l’existence :

  1. Kâma ou le désir et le plaisir amoureux. Les Kâmasûtra exposent les moyens d’exalter les sens et d’épanouir la vie de couple, l’érotisme, « sans aucun tabou de principe ».
  2. Artha ou la prospérité matérielle. L’homme doit participer à la société en se créant un patrimoine et développer des relations sociales dans le cadre de son travail. Il doit faire attention de ne pas se faire abuser par le charme d’une vie d’aisance, mais doit en retirer un enseignement.
  3. Dharma ou le devoir. Le devoir permet à l’homme de poursuivre sa vie sur le droit chemin, en se conformant au droit et à la morale qui sont transcrits dans les Dharma-Sûtra ou la Manu-Samhitâ dite Lois de Manu.
  4. Moksha ou la délivrance. Durant les deux dernières périodes de la vie de l’hindou, celui-ci recherche moksha, la libération du cycle des réincarnations. D’après la tradition hindoue, l’homme qui a manqué sa délivrance doit parcourir un cycle de 8 400 000 re-naissances dans d’autres conditions que la condition humaine avant d’y accéder à nouveau. Toutefois, pour l’hindouisme, même un animal peut atteindre la Délivrance grâce à sa dévotion envers une divinité, contrairement au bouddhisme, au jaïnisme ou au sikhisme, qui considèrent qu’il faut être né humain pour pouvoir accéder au moksha. La conquête de cette liberté absolue constitue le but de toutes les philosophies et de toutes les techniques mystiques indiennes (notamment le yoga sous ses différentes formes).

Ce vers de Kâlidâsa, poète de langue sanskrit, ayant vécu entre le IVème et Vème siècle, résume les devoirs des hindous au cours de leur vie :

« Enfants, ils s’attachent à l’étude ; jeunes gens, recherchent les plaisirs ; vieillards, pratiquent l’ascèse ; et c’est dans le yoga qu’ils achèvent leur existence. »

L’hindouisme prescrit des devoirs universels, parmi lesquels on peut citer en particulier l’hospitalité, s’abstenir de blesser les êtres vivants ou non-violence, l’honnêteté, la patience, la tolérance, le contrôle de soi, la compassion, la charité et la bienveillance.

 

Le cycle de la vie

Le mot karma signifie « action ». L’hindou croit en une vie après la mort et avant la naissance, le corps n’étant qu’une enveloppe matérielle temporaire. l’homme devient ce qu’il accomplit ; les bonnes actions d’une existence antérieure améliorent les conditions de vie de l’existence à venir, tandis que de mauvaises actions les détériorent.