Toronto, vue de la tour CN

Dans le précédent article, j’ai posté des photos de la ville de Toronto prises depuis la tour CN. La vue depuis la plateforme est magnifique. En contemplant cette forêt de tours, j’éprouve des sentiments multiples. Tout d’abord, je suis impressionné par le gigantisme et même la démesure de la ville. Je suis fasciné par la beauté de ce paysage urbain façonné par la main de l’homme : le dégradé de couleurs, les reflets et les jeux de lumière, les formes… Ensuite, je m’interroge sur les raisons d’une telle concentration, d’une telle densité d’habitations. Est-ce raisonnable? Les tours se font de l’ombre entre elles. Cela crée des problèmes de circulation et de stationnement. Est-ce même utile dans un pays où l’espace ne manque pas? Malgré tous ces reproches que je sens poindre en moi, je ne peux m’empêcher de rester admiratif devant ce paysage. J’y vois le fruit d’un travail collectif ; j’y vois la volonté des hommes de s’extraire de leur condition en construisant des structures gigantesques, qui resteront au-delà de leur existence et laisseront une trace de leur passage sur Terre. Certains parleront de vanité. Ils n’ont pas tort. Le temps réduira en poussière ce paysage comme un château de sable. Mais c’est précisément parce que rien n’est éternel qu’il faut s’émouvoir devant un tel spectacle.

 

5 commentaires

  1. Amapola LIMBALLE

    30 août 2018 at 06:37

    Personnellement je trouve que ce qu’a fait Sebastiao Salgado dans sa ferme du Minas Gerais au Brésil est une réalisation humaine bien plus belle: planter un million d’arbres pour recréer un écosysteme disparu, ça, c’est vraiment admirable !
    Ce genre d’urbanisation rend les hommes totalement dépendants en besoins énergétiques (notamment à cause de la nécessité des ascenseurs…) et ne me paraît pas une bonne chose… Sans parler de son caractère bien souvent impersonnel et peu adapté à l’humain…
    Olivier doit avoir une petite idée là-dessus…
    Je vous embrasse tous les quatre bien fort. Bonne route !

    • Philippe

      31 août 2018 at 04:33

      Merci pour tes commentaires.

      Ces grandes villes ont été construites à une époque où il n’existait pas la même conscience écologique. Par ailleurs, la concentration n’a pas que des inconvénients : elle permet de réduire les dépenses énergétiques liées au transport, permet de développer des systèmes de transports collectifs, favorise la mutualisation des compétences et la promotion d’un système éducatif de haut niveau, facilite la mise en place d’un système de santé efficace, permet par ailleurs de préserver des surfaces de territoire à l’état naturel. Etant donné le nombre d’habitants sur Terre, la ville reste une forme d’occupation du territoire incontournable. Si planter un million d’arbres est quelque chose d’admirable, cela ne répond pas à l’un des enjeux majeurs de l’humanité pour le 21 siècle : quelle forme donner à la ville et comment faire évoluer les villes existantes?

      Au-delà de ces considérations écologiques, il n’est pas interdit d’être admiratif des oeuvres que l’homme a réalisées dans le passé. On peut admirer les pyramides d’Egypte même si des milliers d’esclaves sont morts pour les réaliser. On peut admirer les cathédrales même si on ne partage pas les convictions religieuses qui ont été le moteur de leur construction. On peut admirer les grands villes construites au 20ème siècle, même si notre conscience écologique actuelle interroge ces modèles d’urbanisation.

      Bises.

  2. Amapola LIMBALLE

    30 août 2018 at 07:12

    Autre remarque (oubliée precédemment mais pourtant importante). Comme tu le sais bien sûr, les raisons d’une telle concentration urbaine sont à chercher du côté de l’appât du gain.

  3. A chic une controverse, évidemment je vais y mettre mon grain de sel 🙂

    Je rejoins Philippe pour ce qui est d’une forme d’admiration et de fascination devant ces paysages urbains hyper-modernes. Une fois l’émotion passée, pour ma part, je sais que je n’y vivrais pas et je ne suis pas sur du tout du « bonheur » qu’il y a à résider dans une de ces tours, à prendre le métro pour rejoindre son bureau dans une autre tour et de devoir dépenser presque tout son argent et son temps pour quelques heures de paisibilité dans une simili verdure le week-end. Et tout ca durant des décennies. Oui, s’il l’on prend un peu de hauteur, ces concentrations urbaines servent probablement plus des intérêts financiers et la soif de démesure des gens de pouvoirs aux égos hypertrophiés que le bien être de ceux qui ont choisi d’y vivre parce que ça leur apparaissait la moins pire des solutions dans le contexte économique actuel.

    Je ne te rejoins pas Philippe sur les avantages de ces concentrations urbaines (éducation, santé, transports collectifs, etc). Bien sur elles sont, pour autant je pense que les concentrations urbaines sont la conséquence de la croissance capitaliste et non la solution à un mieux vivre ensemble sur la planète. Il y a un siècle, ces mêmes arguments étaient avancés par les capitalistes pour construire les chorons près des mines. Aujourd’hui plus personnes ne veut vivre dans ces endroits, le bati ne vaut plus rien, les mineurs qui ont achetés leur maison ont perdus leur argent.

    Si on change de paradigme (mot à la mode) si on inverse le cap, alors d’autres modes de bien vivre deviendront possibles en dehors de ces lieux. Avez vous prévu d’allez à Détroit ? tu nous raconteras les potagers urbains.

    Bises

    • Philippe

      4 septembre 2018 at 06:51

      Vincent, merci pour ton commentaire. En bref, quand je parlais du mérite de la concentration, je parlais de la ville en général. Pas spécialement de la ville avec des tours de grande hauteur. Depuis des millénaires les hommes se sont rassemblés et ont constitué des villes. Ce modèle a effectivement permis le développement rapide des connaissances par la mise en commun des compétences et des savoirs. Tout le défi est d’imaginer des villes plus agréables à vivre et plus respectueuses de l’environnement. Notre programme se limite à l’ouest des Etats-Unis (Sud Dakota, Wyoming, Colorado, Utah, Arizona, Nevada, Californie).
      Bises.

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